Eh bien voila ! Six ans après avoir dit que je regarderai, j'ai tenu ma promesse et j'ai fini par regarder Saiyuki (ni contraint ni forcé !). J'ai tout vu j'ai tout compris. Par contre je n'ai pas encore tout lu et suis encore en train de découvrir le manga. Mais je pense avoir déjà pas mal de matériel pour donner un petit ressenti sur tout ce bazar.
Concrètement j'ai pu regarder toutes les saisons animées ainsi que le film qui était sorti à l'époque chez Kaze. Quant à mes lectures, j'approche actuellement de la fin du premier manga. J'avoue que ce visionnage/lecture intensif fut assez éprouvant tant l'ensemble est sacrément inégal. Même si je l'admet, pas mal attachant aussi.
Le souci que j'ai eu au départ, c'est la vieillesse du bazar, plus particulièrement les deux premières saisons (qui pourraient être vu comme une seule et même saison en fait mais j'y reviendrai). Je n'ai rien contre une animation un peu rétro, au contraire, mais on est ici en pleine période de transition. Vous savez, l'époque ou Blue Submarine n°6 était un truc carrément trop mortel. Vous vous rappelez ? Moi non plus, en effet.
Sauf qu'en plus, ce sont pas des OAVs mais bien une série de 26 épisodes, avec le budget qui va bien dont on dispose.
On a donc de la 3D un peu timide mais omniprésente, avec des effets dégueux ici et là contrastant avec de l'animation relativement traditionnelle en terme de rendu et plutôt jolie. C'est tantôt sobre mais classique, tantôt tape à l’œil et foireux. Le souci c'est qu'on sent bien qu'ils en sont fier de leur 3D merdique, donc elle est bien mise en avant. Et ça, ça vieillit super mal.
Reste en technique que le chara-design est assez classe pour les personnages principaux (m'enfin c'est celui du manga), avec une OST qui claque du feu de dieu. Pas forcément toujours bien placé (le petit riff de guitare sorti de nulle part pour signaler le moment "trop classe" sauf que pas tellement), mais je dois admettre que certains pistes me restent encore en tête aujourd'hui ! Et une bonne ost permet forcément de sublimer des passages ayant parfois une animation un brin trop légère.
Oui Saiyuki a ces petits moments de génie qui tire l'ensemble vers le haut et le sort d'un schéma scénaristique qui m'est sorti par tous les orifices assez rapidement.
Concrètement, tous les épisodes sont conçus pareils : la bande arrive quelque part, il y a un Yokaï pas gentil, ils le butent et continuent leur chemin vers l'Ouest.
Alors bien sûr on est dans un récit initiatique ! Ce qu'est à l'origine l'histoire du voyage en Occident. Donc c'est le voyage plus que la finalité qui compte j'en suis bien conscient. Mais à un moment donné, quand ça ne raconte rien de bien folichon on s'emmerde gentiment.
D'autant que le but est ici bien défini : empêcher la résurrection de Guymao et permettre aux Yokaïs de retrouver leur libre-arbitre (parce-qu'on est dans une logique à la Dai no Dabouken, où le retour du mal rend les Yokaïs incontrôlables).
Donc on nous vend le big boss badass à la fin de l'aventure et ce dès le départ. Sauf qu'on est dans un rapport de carotte au bout du bâton : on a beau avancer dans les épisodes, on n'en voit pas le bout.
Pour cette résurrection, ils ont besoin de 5 sutras (parchemins) toussa toussa. A la fin de la dernière saison (Gunlock) je crois qu'ils en ont... quoi ? P'tet deux ? Je ne suis même pas sûr. Ce qui décrédibilise salement le groupe de "méchants" récurrents vu qu'ils ne sont pas foutu en plus de 100 épisodes d faire avancer la résurrection.
L'absence d'évolution globale m'a posé un gros souci, surtout quand les épisodes un peu fillers s’enchaînent comme sur un collier de perles.
On a aucune notion de distance dans ce monde. Ils vont vers l'Ouest encore et toujours mais sans jamais qu'on sache où ils en sont dans leur périple.
On peut arguer qu'il s'agit d'un moyen de contrôler la durée du récit. Mais d'une part on risque de se heurter à un sentiment de lassitude, et d'autre part, ça n'empêche jamais des détours de quelconque sorte pour faire trainer. Il y a des ficelles bien plus subtiles que de juste nous dire "ils avancent, vous souciez pas de savoir où ils sont".
Alors qu'est-ce qui continue de captiver notre intérêt là-dedans ? Eh bien les personnages ! Quand la série se focalise dessus plutôt que d'inventer un ennemi sans intérêt, le groupe est assez intéressant et atypique pour nous accrocher.
Sur cet aspect, les épisodes flash-back sont tous de parfaites réussites.
J'avoue que Goku m'insupporte au plus au point à toujours se plaindre qu'il veut bouffer (je vous jure qu'à un moment y'en a marre), mais même son background et sa relation avec Sanzo est assez touchante. Je lui aurai préféré un autre Seiyuu néanmoins car sa voix est horripilante.
Et puis de temps en temps il y a des épisodes bien écrit, qui racontent de vraies péripéties et on se dit que derrière toutes ces intrigues à deux balles, il y a un vrai background qui ne demande qu'a être mis en avant.
Chose faite avec la saison 2 ! Même si l'on pourrait dire qu'on se retrouve avec une idée similaire à Revo-R: 26 épisodes à gauche, 24 à droite... une sortie quasiment à la suite et une direction artistique identique.
Pourtant, à ma grande surprise, cette deuxième partie est l'équivalent de Try pour les fans hardcore. C'est de l'invention avec juste quelques passages flash-back dans le monde céleste qui en dévoile plus sur la vie antérieure de nos héros. Pour le reste c'est du flanc.
Alors d'abord, la partie sur le monde céleste est juste excellente. Posant de réelles enjeux, ouvrant des pistes scénaristiques pour la suite apportant une sacrée profondeur à l'ensemble. Mais aussi... Bah j'aime bien le flanc des fois.
Pour le coup, cette deuxième partie fait mieux que sa prédécesseur en proposant un méchant introduit dès le départ dont la résolution se fera à la fin.
Certes son histoire est un peu cousue de fil blanc et ses motivations sont parfois un peu obscures (probablement par peur de foutre des incohérences au récit original), mais ça va quelque part et ça conclue quelque part. Un peu dans une conception à la Slayers je dirai. Certes, c'est totalement déconnecté du but principal d'aller vers l'ouest -ce qui confirme mon idée qu'on peut bien faire les détours qu'on veut si on veut gagner du temps- et ça rend les méchants principaux encore plus bras cassés, mais c'était relativement cool tout ça !
Ce n'est pas parfait et ça joue avec le feu en terme de cohérence, mais on s'en sort avec quelques brûlures superficielles.
Disons que c'est après cette saison que j'ai vraiment considéré que Saiyuki en avait dans le bide et méritait que je poursuive mon visionnage.
Mais chose assez étonnante, alors que j'attaquais Saiyuki Reload, voila ti pas que toute l'équipe technique est foutue au placard. Nouveau réal', nouveau chara-design et nouveau compositeur. En clair : hormis les Seiyuus, tout le monde est bazardé alors qu'il s'agit du même studio.
Pourquoi ? Allez comprendre. Du coup, si on se retrouve au début avec un rendu plus moderne qui sent bon la colo ordinateur(ce qu'offrait FMP par exemple, avec des rendus assez sombres) et une animation de prime-abord plus belle, j'ai déchanté assez rapidement.
Certes les couleurs sont plus proches de celles de la mangaka, mais mis ceci de côté tout le reste déconne.
D'une part on se retrouve avec une OST en mode jazzy complètement hors-sujet la plupart du temps (hormis quelques thèmes), mais tous les personnages semblent sortir de la salle de muscu. Alors que clairement le design se veut longiligne et fin. Se retrouver soudainement à cotoyer des joueurs du 15 de France c'est assez surprenant.
Quand ce n'est pas l'animation qui est tout bonnement dégueulasse ! Vous pensiez que Dragon Ball Super était un cas d'école ? Je ne crois pas avoir autant ri face aux disproportions et de dessins foireux lors d'un Anime. On est proche du niveau du cas Nadia, c'est dire !
Autant l'ancien style n'était pas toujours heureux, autant il savait rester propre. Ici c'est pire que de l'amateurisme, avec des fois des plans fixes hideux réutilisés à outrance. Je suis étonné que le studio Pierrot ait osé rendre ce genre de trucs. Mais comme des images parlent mieux qu'un long discours :
- Spoiler:
Et croyez moi, il ne s'agit pas d'un épisode isolé ! Des comme ça entre Reload et Reload Gunlock on en bouffe au moins 5 ou 6 de cet acabit.
Pour une série qui compte sur le charisme de ses personnages, ça le fait pas trop.
Mais là encore, la saison est sauvée par un dernier arc, un peu trop court hélas, mais relativement bien foutu avec un vrai nouvel ennemi et des révélations intrigantes à propos de certains adversaires connus (et c'est tiré directement du manga, ce qui aide).
Et alors que je comptais raccrocher mes gants un temps avant d’enchaîner sur la dernière saison en date, pris au piège d'un final de qualité, je me suis laissé tenter à poursuivre immédiatement avec Gunlock Reload. Bigre quelle erreur.
Parce-que Reload Gunlock (ou l'inverse, on s'en tape), n'a aucunement les qualités de ses prédécesseurs. Oui la première saison traînait un peu trop en longueur, mais elle savait nous réveiller au bon moment en nous servant des épisodes captivant. Le tout avec un graphisme et une musique d'excellente facture.
La seconde était plus inégale mais se concluait sur 6 épisodes quasi impeccables visuellement avec un adversaire énigmatique.
Cette dernière saison à, certes, le meilleur épisode de toute la série à ce jour en l'incarnation de l'épisode 10 qui est impeccable de noirceur et de finesse. Sachant jouer sur plusieurs terrains et posant une question assez fondamentale (Il n'est pas dit que les humains pardonneront aux Yokais une fois ceux-ci redevenus normaux), mais c'est à peu près tout.
Le reste de la saison patauge au départ avec plus de la moitié de la saison consacré à des histoires sans envergure ni intérêt, et quand ils retentent de nous faire le coup du nouveau némésis qui se pointe mi-parcours, c'est là qu'on plonge en plein délire.
Plutôt qu'en faire un adversaire direct, l'intrigue décide de nous vendre un ennemi avec à priori le même but (et encore), mais avec une vision plus radicale des choses. En sommes pourquoi pas ? Mais ses raisons sont globalement ineptes et le comportement qu'à le groupe en sa présence est incohérent.
Et j'en passe sur le pouvoir à la nature inexpliquée qui fonctionne un peu étrangement.
Mais pour moi le pire, c'est façon désinvolte qu'à l'histoire de trahir tout ce qu'ont été les personnages jusqu'alors.
Concrètement il y a trois Yokaïs parmi nos héros. Et lorsque d'autres leurs demandent comment ils peuvent tuer leurs congénères sans état d’âme, ceux-ci répondent avec simplicité qu'humains ou Yokaïs peu importe ! Ils tuent ceux qui se mettent sur leur chemin.
Ce leitmotiv est l'essence même de ce qui permet au groupe de fonctionner ensemble car c'est la seule chose ou presque qu'ils partagent en terme de philosophie. C'est si important que c'est cité quasiment à chaque début de saison.
Alors les voir soudainement rechigner à tuer des humains (zombifiés et qui se transforme en tas de terre une fois vaincu hein ! On est relativement dans le moral) c'est une incompréhension totale. Et quand l'un des héros est à se laisser étrangler face à un humaine morte-vivante qu'il connait depuis... quoi ? Un jour ou deux ? On nage en pleine trahison.
Ajoutez des tensions ridicules basées sur des non-dits, vous obteniez des situations crispante que la série n'avait jamais osé faire jusque là.
Et si j'ai cru à un moment que le final nous refaisait le coup de la révélation qui sauve tout... l'effet est malheureusement torpillé par un affrontement minable et anti-spectaculaire au possible. Bien joué les gars !
Quant aux révélations à la fin de Reload et la résurrection de Guymao... on n'y consacre même pas une minute. C'est qui est terriblement décevant.
Reload Gunlock la saison de trop ? Pour ma part oui ! Heureusement c'était la dernière.
Entre deux j'ai maté le film. Pas grand chose à en dire si ce n'est qu'on retrouve l'équipe des deux premières parties. C'est donc visuellement superbe avec des musiques qui sont encore impeccable. Par contre l'intrigue s'avère finalement assez chiante et passé une première partie plutôt cool, on décroche complètement (souvent le souci avec ces films un peu hors-série). Un peu le syndrome Slayers Perfect. A voir pour le plaisir des yeux et des oreilles, mais pas bien plus.
Et pour finir on a le manga ! Arlésienne fantastique vu qu'il n'est toujours pas fini au Japon (pour cause de graves soucis de santé de sa mangaka) mais en plus dont c'est la purge pour mettre la main sur les volumes à des prix raisonnable. Forcément on est chez Génération Comics, plus connu désormais sous le nom de Panini Comics ! Tout de suite on sent le chemin de croix pour trouver nos tomes.
Mais une fois dans nos mains il faut dire ce qu'il en est : c'est bon. Très bon même. Pour peu que vous n'êtes pas allergique aux shojos avec ses codes graphiques bien à eux, on est dans le haut du panier dans son genre.
Pourtant, on retrouve les grands axes de l'Anime ! Mais le traitement est souvent plus rapide, plus fin et bien moins censuré comme le signalait déjà Ereb à l'époque.
Cerise sur le gâteau, le tout est purgé de toutes ces intrigues écrite à la va vite qui plombaient le rythme à outrance.
Chose surprenante, j'ai même trouvé le personnage de Goku amplement plus supportable.
Tout ce background qui transpirait dans l'Anime et qui était parfois étouffé par cette nécessité d'étirer au maximum le récit, retrouve une fluidité et une pertinence salvatrice. Genso Maden Saiyuki le manga est un bon titre, avec un dessin élégant et précis qui ne cesse de s'améliorer au fil des pages (les derniers tomes en date claquent de finesse).
C'est beau, les arcs sont brefs mais dynamiques et parfaitement balancé, n'hésitant pas à aborder des thèmes assez sombre sans censure. Je conseille même une lecture petit à petit tant le rythme épisodique se prête parfaitement à ce titre.
Et puis et puis ! Saiyuki Reload Blast, cette dernière partie qui est enfin la promesse de la fin des aventures, démontrant clairement que Kazuya Minekura sait exactement ou elle veut aller. Ce qui rassure quant à la conclusion future du manga... Si la publication reprend plus régulièrement.
Alors au final ? On zappe l'Anime et on se contente du manga ?
Je vais faire ce que je déteste habituellement mais je vous botter en touche : tout dépend.
Bien que j'ai critiqué l'adaptation sur pas mal de points, dire qu'elle n'a que des défauts serait plus qu'hypocrite. J'ai pris du plaisir durant mon visionnage et plus d'une fois. Et le style à l'ancienne de la première saison (effets 3D mis de côté) ont un charme auquel je suis forcément sensible. Quant au casting globalement impeccable et sa B.O inspirée, ils apportent une plus valu évidente que n'a pas la version papier.
Ainsi tout dépend du temps que vous avez à consacrer au voyage de Sanzo et sa bande. Si vous n'êtes pas pressé et que le format à l'ancienne, avec des épisodes qui servent à rien, ne vous effraient pas... Oui, la série a ses coups de génie qui valent le détour. De là à dire qu'il faut tout voir... Il y a vraiment deux écoles. Les deux premières saisons (les 50 premiers épisodes) avec un style old school un peu traîne savate mais attachante... et les deux suivantes (Reload et Gunlock) plus moderne mais finalement mal équilibrées, sauvés uniquement par quelques coups de génies. Enfin... Reload plus que Gunlock.
Après si vous préférez les séries plus condensées, avec moins de temps mort, l'anime n'est peut-être pas pour vous. Et se tourner vers le manga semble la solution la plus sûre pour découvrir cet univers.
Background mieux maîtrisé et récit plus rythmé. Le manga est de toute façon le support roi pour Saiyuki.
Mais ce serait un peu comme dire que Slayers n'a d'intérêt qu'en roman.
A chacun de se faire un avis, mais si la découverte de Saiyuki ne s'est pas fait sans peine, c'est positif que je ressors de cette expérience. Et j'attends désormais la suite du manga avec impatience.